C'est le printemps ...
Dès le matin encore couvert de rosée, l’air primesautier est tout chargé d’effluves et du piaillement émoustillant des moineaux ... dans la TSF, Ella Fitzgerald envoûte de sa voix de velours mon cabinet de toilette. Je me douche, contemplant avec béatitude dans le miroir les pectoraux saillants de ma sculpturale personne, quand à brûle-pourpoint, le speaker interrompt brutalement, comme un gougnafier, mon programme de blues au beau milieu d’une mesure à quatre temps ...
Saperlipopette ... quelle galéjade ce paltoquet va-t-il inventer pour justifier cette rodomontade ???
Je subodore quelque fâcheuse péripétie, comme un assassinat, un attentat à terroriste ou, pis encore, un dérapage verbal de Donald Trump
Je tends l’oreille subrepticement pour ouïr ce que ce pleutre chafouin va claironner, avec moult circonvolutions oratoires. Mais, ô déconvenue ! Ce ne sont que calembredaines habituelles, brigandages et coups de Jarnac de la part des foutriquets hâbleurs ou pusillanimes qui se disputent le pouvoir ... Rien de mirifique dans l’escarcelle de ce diseur de mauvaises aventures, rien qui justifie l’interruption du programme par un malappris ...
Je tourne le bouton de la TSF pour lui fermer le clapet !!!
Et je vais, drapé dans ma nudité outragée, lancer un 33 tours d'Ella Fitzgerald sur la platine du tourne-disque ...
Un oiseau se pose sur le bout de mon doigt ...
Les notes du jazz et la voix d'Ella m’envahissent à nouveau.
C’est le printemps.
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