Aimer ...







Pauvre enfant qui voulez combattre la nature,
Qui doutez de l’amour et repoussez sa loi,
Qu’avez-vous donc souffert, et par quelle blessure
Ce cœur de dix-huit ans a-t-il perdu la foi ?

 
Moi qui suis déjà vieux dans les choses humaines,
Dont le cœur a saigné plus souvent qu’à son tour,
Je ne regrette pas le sang pur dont mes veines
Ont rougi les buissons où je cherchais l’amour.

Car ce que m’ont appris la rose et les épines,
C’est qu’il n’est rien de bon au monde que d’aimer,
Que même les douleurs de l’amour sont divines
Et qu’il vaut mieux briser son cœur que le fermer.

Émile Augier « Poésies complètes »

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