Desproges

  Si Pierre Desproges était encore ­vivant, il craindrait encore farouchement la mort et tenterait toujours en vain d’exorciser ses démons en ciselant des bijoux d’écriture ... 
  Des oeuvres qui pourraient blanchir les jours noirs et noircir les nuits blanches des désespérés ordinaires ...
 Paradoxalement, ses plus belles trouvailles ricochent loin des rivages du rire, quand, le temps d’un instant, son sourire tout en retenue se tordait en rictus consterné : " Regardons s’agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à 100 à l’heure ... Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d’un coup ça s’arrête, sans plus de raison que ça n’avait commencé, et le militant de base, le pompeux pdg, la princesse d’opérette, l’enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui as cru en Dieu jusqu’au bout de ton cancer, tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les droits de ­l’homme s’effacent devant les droits de ­l’asticot. "


Accablant, non ???



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